En termes d’hommage à la légende de Bayard, de nombreuses villes ont construit un Géant à l’effigie du cheval magique et singulièrement, c’est au nord du pays qu’il est le plus honoré.
En Flandres, la ville de Dendermonde (Termonde) organise tous les 10 ans un « Ommegang » et chaque char représente un épisode de la légende de Bayard.
En Wallonie, la ville de Ath possède aussi un cheval Bayard qu’elle sort uniquement à la « Ducasse » de Ath, le quatrième dimanche d’août. Avec leurs six mètres de long et de haut, ces deux chevaux, ne sortent jamais de leur ville.
La ville de Namur possède également un Bayard, hélas, celui-ci est plutôt un char et non un véritable géant porté.
Dinant possède un Cheval Bayard depuis 1988. Il a été construit pour célébrer les 35 ans du jumelage Dinan en France et Dinant en Belgique.
Ses dimensions sont plus petites que les autres Chevaux Bayard, mais les porteurs de l’époque qui l’ont construit voulaient lui donner l’aspect d’un vrai cheval et surtout, l’équipe désirait que le cheval puisse représenter Dinant dans d’autres villes. Il s’agit, à l’heure actuelle, du seul Cheval Bayard qui effectue des sorties en dehors de sa ville d’origine.
Messieurs Drion, Delaire, Eloie et Mersch, furent les instigateurs et réalisateurs de ce projet. Il leur a fallu un an pour concrétiser ce géant. Six mois pour l’étude du cheval, pour la création d’une petite maquette et pour l’élaboration des plans. Les six autres mois ont été consacrés à la construction du cheval.
Ce dernier a nécessité:
- Plus de 60 mètres de barres de fer de 5 mm,
- 13 m² de treillis métallique,
- 14 m² de mousse synthétique,
- 17 m² de tissus,
- Du polystyrène expansé et du polyester pour la tête qui a été sculptée par monsieur Jacques Leclere.
- La jupe et la « peau » du cheval ont demandé près de 60 heures de travail aux couturières
- Un total de plus de quatre cent heures de travail a été nécessaire, pour mener à bien ce projet.
- Six hommes sont nécessaires pour le porter.
L’histoire du Cheval Bayard
La légende du cheval Bayard et des quatre fils Aymon est une des plus célèbres chansons de geste chantées au Moyen-âge. Elle a laissé de nombreuses traces dans nos régions, encore visibles de nos jours. Une boucle de 280 kilomètres nous emmène de Namur à Bogny-sur-Meuse et nous fait revivre, à travers les nombreux sites portant le nom de Bayard, les exploits réalisés par les 4 fils et leur cheval.
On retrouve ici de nombreux lieux qui retracent l’histoire des quatre fils Aymon et du cheval Bayard :
- Le célèbre rocher à Dinant en bord de Meuse
- Dans les Fonds de Leffe, les traces laissées par les chariots de Charlemagne.
- Dans nos Ardennes, les « pas Bayard », les empreintes de ses sabots dans les rochers.
- Les passes Bayard, un peu partout le long de la Meuse.
- Dans les Ardennes françaises, le château de Montauban, où vécurent les quatre fils Aymon, il y a même une superbe statue du Cheval et des quatre fils, dominant la vallée.
Comme toute légende, elle se base sur des faits concrets.
Notre célèbre cheval Bayard est né de l’imagination d’une équipe motivée mais c’est surtout grâce à la légende des quatre fils Aymon que le Cheval Bayard est connu.
Nous avons tous entendu parler des fils Aymon, du cheval et de l’enchanteur Maugis qui se sont révoltés contre le pouvoir tyrannique de Charlemagne.
Histoire et littérature…
La chanson de Renaud de Montauban, plus connue sous le nom de légende des quatre fils Aymon, est un important manuscrit qui comporte 18.489 vers, un cycle important de la littérature médiévale. (voir aussi Wikipedia)
A partir du XVème siècle, de nombreuses adaptations en proses vont faire la renommée des quatre frères et de leur cheval magique. Mais le succès que remporte la légende des quatre fils Aymon le doit aussi à l’Ardenne, forêt sombre qui regorge d’histoires allant du plus petit être (nutons et autres farfadets), au plus grand (Bayard).
Au fils des versions, l’origine de Bayard s’est modifiée :
Dans le «Maugis d’Aigremont » (poème ajouté au tronc primitif pour expliquer la rivalité de Charlemagne et de la famille Aymon), c’est l’enchanteur Maugis qui donne le cheval à Renaud. Bayard a été capturé dans l’île de Boucquant (Vulcano) par l’enchanteur, au large de la Sicile, et il a obtenu la soumission de l’animal.
Bayard est un cheval vigoureux, hardi, ardent, infatigable et d’une vitesse de course incroyable. Selon la rumeur, il était capable de franchir la Meuse d’un seul bond. C’est d’ailleurs ce qu’il fit à Dinant. Il prit appui sur un rocher qui fut fendu d’un coup de sabot. Le cheval Bayard était magique : son dos avait la particularité de s’allonger pour pouvoir embarquer plusieurs cavaliers en même temps. C’est pourquoi les 4 fils Aymon sont souvent représentés en croupe sur le même cheval.
Dans d’autres versions, c’est Charlemagne qui remet Bayard à Renaud lors de son adoubement. La première version semble plus logique car, connaissant les capacités du cheval, il eût été étonnant que Charlemagne s’en sépare.
Bien que Bayard soit la clé de l’histoire, Maugis reste quand même l’auteur de son origine. Maugis est le fils du duc de Beuves et cousin des fils Aymon ; c’est un guerrier redoutable et un enchanteur, mais aussi un druide avisé à qui on allait demander conseil comme pour son homologue breton Merlin l’enchanteur.
C’est grâce à Maugis et au cheval Bayard que les fils Aymon ont pu tenir tête à l’empereur et c’est pourquoi celui-ci en voulait tellement aux adjuvants de la famille Aymon.
Désormais, les quatre fils Aymon, Renaud, Allard, Guichard et Richard, le Cheval Bayard et l’enchanteur Maugis, font partie de l’Ardenne et comme le sanglier qui orne leur bannière, ils resteront à jamais dans ce beau et unique pays, symboles de résistance et de liberté.
La légende du Cheval Bayard
La légende…
Beuves d’Aigremont, père de Maugis, refuse une invitation de Charlemagne et tue deux messagers de l’empereur. Parmi ces messagers, figurait Lothier, fils de Charlemagne. Charlemagne envahit les terres de Beuves. Finalement, après la bataille, l’empereur accorde son pardon à la famille de Beuves d’Aigremont et au duc Aymon de Dordogne, frère du duc Beuves et père de nos quatre héros.
L’entourage de Charlemagne n’apprécie guère ce pardon et l’empereur fait assassiner Beuves. La guerre recommence entre les frères du duc et l’empereur. Elle se termine par une réconciliation des deux camps.
Les années passent et à l’occasion de la Pentecôte, le duc Aymon se rend à la cour de Charlemagne où il présente ses fils. Charlemagne promet de les faire chevaliers et la cérémonie commence le lendemain. Ce jour là, Renaud et ses frères, Allard, Guichard et Richard, se présentent par ordre d’âge devant l’empereur. Renaud monte un coursier magnifique, reçu de son cousin Maugis, et répondant au nom de Bayard.
Charlemagne leur donne l’accolade et comme l’usage le veut, Charles fait dresser une quintaine. A ce jeu, Renaud se montre le plus fort et Charlemagne promet de le faire sénéchal.
Quelques jours plus tard, Renaud et Bertolais, neveu de Charlemagne, jouent aux échecs. Au cours de cette partie, Bertolais insulte Renaud qui s’en plaint auprès de l’empereur.
Celui-ci le rebute et Renaud rappelle l’assassin de son oncle, le duc de Beuves, et l’empereur gifle le fils Aymon. C’en est trop, Renaud tourne les talons et se retire blême de colère, croise Bertolais et lui brise l’échiquier sur la tête. Le coup fut si brutal que Bertolais ne s’en relèva pas. Prévenu de l’incident, Charlemagne ameute tout le monde. Renaud et ses frères sont plus rapides et réussissent à quitter la Dordogne pour gagner l’Ardenne. A Montessor, sur les rives de la Meuse en un site peu accessible, les fils Aymon construisent un château.
Sept ans plus tard, alors que tout semble oublié, Charlemagne retrouve les fils Aymon et convoque son armée. Le siège du château commence et un traître, Hervé de Lausanne, ouvre les portes du manoir, permettant à l’empereur de s’emparer du château. Les quatre fils Aymon réussissent à reprendre Montessor à Charlemagne et à punir le traître.
Cette bataille n’a laissé que cendres et désolation. Résignés, Renaud et ses frères quittent Montessor qui portera le nom de château Renaud.
Nos héros trouvent refuge dans la forêt épaisse d’Ardenne, mais l’hiver est là et dur à supporter. Après quelques années, la troupe des fils Aymon est décimée et ceux-ci décident de retourner en Dordogne.
De retour au château familial, leur père leur fait des reproches sur leur conduite envers l’empereur et le ton monte. Le duc Aymon refuse de rester au château tant que ses fils seront là et c’est la duchesse, leur mère, qui s’occupe de soigner les garçons.
En quittant la Dordogne, les fils Aymon rencontrent leur cousin Maugis d’Aigremont, qui leur offre ses services et un butin pris à Charlemagne.
En Gascogne, les fils Aymon se joignent au roi Yon afin de battre les sarrasins. Beges, un sarrasin est fait prisonnier de Renaud et le roi Yon donne aux quatre frères un ancien castel romain en ruines en signe de reconnaissance. Les frères et leurs gens reconstruisent le château et relèvent le château de Montauban.
Après sa victoire en Saxe sur Witikind, Charlemagne décide de reprendre sa lutte contre les frères Aymon.
Toute l’armée de Charlemagne est là et celui-ci demande au roi Yon de livrer les proscrits. Yon refuse, en reconnaissances des services que lui a rendus Renaud, mais arrange un piège afin de livrer Renaud et ses frères à Charlemagne.
Renaud, Allard, Guichard et Richard se rendent à Vaucouleur au rendez-vous fixé par Charlemagne, afin de régler les conditions de réconciliation. Cela sent la trahison et au détour d’un chemin, Renaud reconnaît Fouque de Morillon, un assassin de son oncle, et ils décident de retourner à Montauban. Pris au piège, les quatre frères, se battent comme des enragés et parviennent à contenir les assauts de leurs ennemis. C’est à Montauban qu’un fidèle du roi Yon prévient Maugis de ce qui se passe à Vaucouleur, et, avec Bayard, il vole au secours des frères Aymon. Charlemagne qui veut en finir avec les fils Aymon, décide d’assiéger le château de Montauban. Après quelques semaines de siège, les occupants se retrouvent dans une situation telle que les frères Aymon décident d’abandonner leur repère. C’est en ayant soin de laisser leur bannière bien en vue que les quatre frères et leurs gens quittent la forteresse. Quand Charlemagne s’aperçoit de la supercherie, les frères Aymon sont déjà loin. De cachettes en châteaux, les frères Aymon traversent toute l’Ardenne avec Charlemagne à leurs trousses. Las des combats, Charlemagne demande pour faire la paix, que Renaud accomplisse un pèlerinage et lui livre Bayard à défaut de Maugis. Résigné et la mort dans l’âme, Renaud accepte.
A Liège, Charlemagne fait attacher une grosse meule de pierre au cou de Bayard et le précipite dans le fleuve. D’un coup de sabot, Bayard brise la pierre et après avoir atteint l’autre rive, secoue son poil détrempé puis s’enfuit dans l’épaisse forêt ardennaise. On dit que le cheval magique hante encore la forêt car chaque année, la nuit de la saint Jean, on l’entend hennir. Au retour de son pèlerinage, Renaud s’engage comme ouvrier au chantier de la cathédrale de Cologne. Son désir de bien faire lui coûte la vie et son corps est jeté dans le Rhin par des manœuvres jaloux. Son corps fait miraculeusement surface, soulevé par les poissons du fleuve. Ainsi est née la légende de saint Renaud.
Voir aussi: Le Cheval Bayard sur Wikipedia